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La gestion de l’eau en Inde, enjeux et conflictualités

  • Photo du rédacteur: Pytheas asso
    Pytheas asso
  • 17 juin
  • 4 min de lecture

Chaque année, la mégalopole de Chennai, en Inde, est frappée par des vagues de sécheresse, dès les mois de juin, qui pèsent sur l’eau, une ressource vitale pour ses 6 millions d’habitants. La pénurie d’eau, pendant plusieurs semaines, engendre des files interminables devant les points de distribution d'eau, tandis que les entreprises et les écoles fonctionnent au ralenti. 


En Inde, l’eau souterraine, qui représente 40 % des besoins en eau, est utilisée à 85 % pour l’agriculture. Un constat alarmant indique que 60 % des nappes phréatiques indiennes, seront en situation critique d'ici 2050. Depuis une dizaine d’années, les nappes phréatiques du sous-continent indien ne se reconstituent plus suffisamment, même pendant la mousson. L’eau de pluie, autrefois absorbée par les roches perméables, ne compense plus les prélèvements croissants. La cause principale n’est pas un déficit de précipitations, mais une surexploitation massive des ressources souterraines, principalement due à des pompages intensifs. Résultat : les puits s’assèchent, les sources disparaissent, les rivières s’amenuisent, et l’eau polluée de surface contamine à son tour les nappes.


Une problématique environnementale qui, dans un futur proche, pourrait impacter la société indienne. La Révolution Verte des années 1960, qui a permis une rénovation du système agraire, nécessite aujourd’hui une autre révolution plus écologique. Même si la révolution des techniques agricoles, dite “Bleue”, amorce une transition environnementale, l’impératif de la sécurité alimentaire pousse à consommer toujours plus d’eau. Ainsi, en Inde, les techniques agricoles dites “bleues” font référence à l’ensemble des pratiques et technologies visant à gérer durablement l’eau dans l’agriculture, avec un accent particulier sur l’utilisation efficace des ressources en eau bleue, c’est-à-dire l’eau douce stockée dans les nappes phréatiques, les rivières, les lacs et les réservoirs.


Toutefois, l’inégale répartition des ressources en eau, entre les agriculteurs et la population est la principale source de divergence. Mais Chennai n’est pas un cas isolé. En Inde, près de 600 millions de personnes sont confrontées à une pénurie d’eau élevée. La surexploitation des nappes phréatiques, la pollution des rivières et l’urbanisation accélérée ont transformé l’accès à l’eau. 


La surexploitation des sources d’eau potable


En Inde, la première source d’approvisionnement en eau s'effectue par le pompage des nappes phréatiques qui représente 70 % à 80 % des prélèvements. En d’autres termes, il s’agit de 250 milliards de m3 d’eau. Cette surexploitation représente une menace environnementale.


Si l’Inde a cette chance d’avoir des nappes phréatiques relativement hautes qui facilitent l’extraction de l’eau, le nombre de forages a très vite décuplé durant la deuxième moitié du XXe siècle. Aujourd'hui, on dénombre 30 millions de puits ou de forages sur le sol indien et les nappes phréatiques n’ont aujourd’hui plus la capacité de se régénérer. La situation est particulièrement critique dans le Nord-Ouest, au Pendjab, au Rajasthan, en Haryana et à Delhi. Cette surexploitation de l’eau va de pair avec la sur-irrigation des champs qui conduit à une salinisation et à l’appauvrissement des sols. L’Inde est régulièrement confrontée aux contaminations par arsenic des eaux contenues dans les nappes, ce qui représente une menace d’empoisonnement pour les populations locales et pour l’écosystème environnant. À ceci, il faut ajouter l’utilisation excessive d’engrais et le dépôt de déchets industriels en pleine nature, qui accélèrent la dégradation de l’environnement.


Ainsi, l’impératif de sécurité alimentaire atteint indiscutablement l’exploitation des nappes phréatiques. L’Inde doit se nourrir, mais doit également préserver son environnement. Toutefois, ce système semble se résoudre dans l’agroécologie, qui vise à mettre en place un système viable et équitable. De fait, l’installation de systèmes d’irrigation et de semences moins demandeuses en eau, réduit de 40 % la consommation d’eau et permet ainsi aux nappes phréatiques de se régénérer. Néanmoins, trop peu de régions indiennes adoptent ce type d’exploitation.



Une pénurie, source de conflits et de tensions 


La pénurie d'eau, exacerbée par la croissance démographique et le changement climatique, alimente des tensions entre États fédérés, chacun cherchant à sécuriser son accès aux grands fleuves. À cela s'ajoute l'opposition entre les zones urbaines, qui consomment une grande part des ressources, et les régions rurales, où l’eau est vitale pour l’agriculture. La privatisation des ressources hydriques complique encore la situation, restreignant l'accès des populations les plus vulnérables. Par ailleurs, certaines communautés utilisent l'eau comme levier politique, allant jusqu'à interrompre l'approvisionnement de métropoles comme Delhi lors de manifestations. 


En 2016 la révolte des populations Jats de l’Haryana a conduit à l’arrêt de l'approvisionnement en eau de Delhi. La pollution des nappes phréatiques et la multiplication d’usines sur d’anciennes parcelles agricoles, réduisant de fait les revenus agricoles, sont des revendications à l’origine de cette manifestation. Plus récemment, en 2020, les réformes agraires proposées par le gouvernement catalysent le mécontentement et la révolte de dizaines de milliers d’agriculteurs à Delhi, souffrant déjà des sécheresses chroniques, du manque de parcelles cultivables et du manque d’approvisionnement en eau.


Ainsi, ces enjeux environnementaux catalysent les tensions entre la gouvernance et la société indienne et provoquent des conflits.  Dans la mesure où la gestion et la répartition des eaux sont les problématiques les plus préoccupantes, il revient donc aux États d’adopter des politiques durables. Une première solution est envisagée par l’Etat du Téléga, qui prévoit pour 2026 de prélever l’eau de la rivière Godavari, sur plus de 300 km. Une autre façon d'accroître l'offre hydraulique existante.


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